Archéologie

Des archéologues découvrent plus de 100 tombes précolombiennes en Guadeloupe

Selon les instructions données par l’État (DAC Guadeloupe), l’Institut National de Recherche Archéologique (INRAP) mène une fouille préventive aux Abymes dans la zone de Petit-Pérou. Il s’agit de la fouille d’un site précolombien effectuée avant la mise en œuvre de travaux de lotissement. Pendant cette recherche, plus de 100 sépultures précolombiennes ont été découvertes. Ces tombes sont associées à de riches vestiges d’habitat et d’activités domestiques durant la période Néo-indienne récente (XIe-XIIIe), dit aussi âge céramique récent.

Une découverte extraordinaire de 113 tombes précolombiennes en Guadeloupe

Les chercheurs de l’INRAP ne s’attendaient pas à découvrir autant de vestiges au commencement de l’examen de la zone à la fin de l’année 2020. De nombreuses découvertes ont cependant révélé très rapidement le potentiel du chantier pour le domaine archéologique. Ce site sur lequel était prévu un projet de lotissement a en effet pu faire l’objet d’une fouille plus approfondie et plus longue.

Les archéologues ont découvert un nombre exceptionnel de sépultures. Elles sont 113 au total : un chiffre sans pareil jusque-là en Guadeloupe. Adultes et enfants étaient enterrés dans différentes positions dans ces tombes. Certains corps ont été inhumés sur le côté et d’autres ont été disposés sur le dos. Il y en a même qui ont été placés assis dans certaines tombes.

Un point relie cependant tous ces corps enterrés. Il s’agit de leur aspect recroquevillé. En effet, leurs jambes sont en général pliées ou ramenées sur le torse. Ce qui peut laisser facilement penser à des cadavres attachés par des cordes ou contenus dans des sacs. Les archéologues de l’INRAP ont aussi décelé des traces de manipulation après inhumation.

Les vestiges de l’habitation Mamiel : une autre découverte du chantier archéologique

La découverte sur le chantier ne sait pas arrêter seulement aux tombeaux. En effet, des trous de poteaux témoignant de l’emplacement d'habitations d'indigènes ont également été décelés par ces archéologues. Ces traces conduisent à plusieurs bâtiments de l'époque coloniale. Il s'agit entre autres des emplacements de construction sur poteaux et d'aménagements agraires qui sont rattachés à une plantation de cannes à sucre dans la commune des Abymes. Cette plantation a été baptisée Habitation Mamiel ou encore L’Espérance.

Il s’agit d’un nom ironique quand nous savons que la prospérité économique sucrière de la France était basée sur la traite esclavagiste et les conséquences que cette traite a provoquées. En effet, cette économie sucrière française a causé de nombreux morts aussi bien dans la traversée de l’océan Atlantique que dans les plantations de cannes à sucre.

La culture et la production de cannes à sucre étaient les principales activités au XVIIIe ainsi qu’au XIXe. Le mobilier céramique en témoigne, car il est en majorité constitué de formes et d'inspirations de canne à sucre et de pots à mélasse. Pendant cette période, l’économie sucrière est extrêmement lucrative dut à la relance du commerce des esclavages en 1802 par Napoléon. Le site archéologique dans lequel l’INRAP a démarré ses activités de fouille semble donc être d’une grande importance pour comprendre davantage les différentes parties de l’histoire guadeloupéenne.

Les autres trouvailles sur le site archéologique

Les archéologues de l’INRAP ont aussi trouvé diverses fosses sur le site archéologique. Elles sont composées d’ossements de rongeurs, oiseaux, reptiles, d’outils en pierre, des blocs chauffés et des restes de coquilles et de crabes. Il semble qu’il s’agisse de restes de repas jetés après consommation.

Les fragments de poterie, d’outils et les débris de nourriture retrouvés dans ces fosses qui ont été découverts par l’INRAP seront aussi utiles dans les analyses à venir. Cette découverte permet d’établir la chronologie du peuplement dans la commune des Abymes en Guadeloupe. Toutes ces découvertes permettront de documenter avec précision les évènements qui se sont produits pendant la période entre le XIe et le XIIIe, encore mal connus du Néo-indien récent en Guadeloupe.

Des découvertes inédites, mais vers de nouvelles problématiques scientifiques

Il est question désormais de savoir si ces cadavres ont été inhumés pendant la période où le village était habité. Les archéologues vont aussi chercher à savoir si les vivants et les morts ont cohabité dans ce village. Les analyses futures des squelettes, notamment les datations radiocarbones et les analyses de l’ADN vont permettre de trancher ces questions.

Ces analyses à venir permettront ainsi de mieux connaître cette époque et de mieux connaître le mode de vie de la population à cette époque. Elles vont également apporter plus d'informations sur les liens de parenté entre les différents corps enterrés ainsi que leur statut social. En effet, cette pratique d’inhumation est atypique et pourrait redéfinir ce que le monde sait sur les populations de la Guadeloupe du Néo-indien récent.